ENERGIE ET ENVIRONNEMENT
L'Allemagne rattrapée par le défi de la transition énergétique
L'électricité renouvelable devrait dépasser le nucléaire dès cette année.
Les groupes d'énergie traversent une crise sans précédent outre-Rhin.
La sortie du nucléaire tourne au casse-tête en Allemagne. « Il n'y a aucun doute sur le fait que nous voulons réussir la transition énergétique, a annoncé, lundi, Angela Merkel au terme d'une rencontre avec les acteurs du secteur. Mais cela ne veut pas dire que tous les problèmes sont résolus. » Deux ans après la catastrophe de Fukushima, qui a convaincu la chancelière d'accélérer la sortie de l'atome, c'est même l'inverse qui semble être le cas.
Si l'Allemagne devrait produire cette année pour la première fois plus d'électricité à base d'énergie renouvelable que de nucléaire, comme l'a indiqué lundi le ministre de l'Environnement, Peter Altmaier, la transition énergétique se heurte à des difficultés majeures : explosion de la facture, développement hésitant des réseaux et, surtout, marginalisation des énergies conventionnelles au profit des renouvelables.
Les conséquences sont majeures. Confrontées à des surcapacités, aggravées par une demande en berne, même les centrales à gaz les plus modernes ne sont plus rentables. Vendredi, le suédois Vattenfall a dû annoncer la suppression de 1.500 postes, soit un dixième de ses effectifs allemands. Avec E.ON, RWE et EnBW, cela porte à près de 25.000 le nombre de suppressions d'emplois en Allemagne depuis la décision du gouvernement.
RWE cède les bijoux de famille
« Notre branche traverse une profonde rupture, a déclaré hier Johannes Teyssen, le patron d'E.ON. Les conditions de marché en Europe vont rester difficiles à moyen terme. » Malgré un bénéfice net de 2,6 milliards d'euros en 2012, après une perte de 1,9 milliard, le leader allemand a annoncé hier qu'il allait réduire ses investissements. Ceux-ci passeront de 7 milliards d'euros, en 2012, à 6 cette année, et seront ensuite rabotés de 2 milliards les années suivantes.
En janvier, le groupe de Düsseldorf a également porté de 15 à 20 milliards d'euros son programme de cession d'actifs. RWE, qui est plus fragile, a même décidé de céder les bijoux de famille. Il a mis en vente sa filiale très rentable d'exploration pétrolière, Dea. Tous veulent réduire leurs capacités. E.ON, qui veut maintenant croître en Turquie ou au Brésil, envisage ainsi de fermer 11 gigawatts en Europe. Mais ces efforts ne suffiront peut-être pas. Selon UBS, les énergéticiens européens devront fermer 30 % de leurs capacités de production au charbon ou au gaz d'ici à 2017, soit l'équivalent d'une cinquantaine de centrales nucléaires, s'ils veulent maintenir leurs profits. En cause : « la progression remarquable des capacités renouvelables, en particulier solaires, en Allemagne », selon Per Lekander, analyste chez UBS.
« Le modèle énergétique allemand est en train d'être complètement renversé, écrit le Boston Consulting Group dans une étude sur l'Allemagne à paraître ce matin. Lerésultat final pourrait être une industrie à peine reconnaissable par rapport à aujourd'hui. »
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